Mercosur : « Qui va payer l’addition ? » (FWA, Copa-Cogeca, Fugea)
« Qui va payer l’addition ? » : tel était le mot d’ordre de la mobilisation organisée le 09/12/2024 à Bruxelles par le Copa-Cogeca, présente sur place avec les principaux présidents de filières, avec l’appui de différentes organisations du secteur agricole, dont la Fédération Wallonne des Agriculteurs (FWA), la Fugea, et le BoerenBond (association des agriculteurs flamands).
Les dirigeants d’association et de syndicats, ainsi que des personnalités politiques, eurodéputés, irlandaises ou belges, se sont succédé à la tribune, afin de dénoncer la signature du traité de libre-échange avec le Mercosur, par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, le 06/12/2024, à Montevideo (Uruguay).
News Tank livre une sélection des discours tenus à la tribune.
Saskia Bricmont (MEP / Verts / Belgique) : « Rien n’est fait dans cet accord pour protéger les agriculteurs européens. »
« La transparence, à l’inverse de ce que l’on nous promet, n’est pas au rendez-vous, et il n’y a rien de modifié dans le Traité par rapport au texte originel pour protéger les agriculteurs, malgré ce que nous a dit Ursula von der Leyen : en particulier, il n’y a absolument pas de clauses miroirs, que je réclame depuis cinq ans au Parlement. Aujourd’hui, le texte a été ratifié par la Commission, mais il est encore loin d’être appliqué : il doit d’abord être accepté par le Conseil des ministres, et il y a actuellement deux pays, la France et la Pologne, qui ont déclaré leur opposition formelle. Il en suffit de deux ou trois de plus pour parvenir à une minorité de blocage ; et il faut pour cela continuer notre mobilisation »
Micka Vande (OVB, Autriche) : « nous attendons de notre gouvernement qu’il dise non au Mercosur ».
« Les agriculteurs autrichiens disent non au Mercosur. Cet accord n’est pas équilibré, et nos agriculteurs ne peuvent rivaliser avec les producteurs des pays du Mercosur, car nous produisons de la haute qualité. Nous avons négocié avec notre Parlement pour dire non au Mercosur, et nous attendons maintenant de notre Gouvernement qu’il exprime son refus de cet accord. La Commission ne peut pas d’un côté déclarer l’agriculture domaine stratégique, et signer ensuite cet accord.
Agnieska Manceska (Copa, Pologne) : »Le gouvernement polonais a affiché son clair refus du Mercosur.«
»Le gouvernement polonais a affiché son clair refus du Mercosur : nous sommes un grand pays agricole, et nous refusons un accord dans ces conditions. Nous vous remercions de votre soutien, et continuerons à nous opposer, afin de protéger nos agriculteurs et nos économies.
Anne-Catherine Dalcq (ministre wallonne de l’Agriculture) : « En l’état, la Wallonie continue de dire non au traité du Mercosur »
« En l’état, la Wallonie dira non au traité en l’état ; je vais rencontrer aujourd’hui (09/12/2024 Ndlr) la ministre française de l’Agriculture afin de faire le point sur la minorité de blocage, et nous allons continuer à militer contre ce traité. Aujourd’hui, la position fédérale est à l’abstention, mais nous continuons, au sein du gouvernement fédéral, à militer pour le refus de ce traité : il est hors de question de faire rentrer de la nourriture d’Amérique du Sud au sein de l’Union dans les conditions actuelles du traité. »
Francie Gorman (Irish Farmers Association, Président) : « L’accord n’est pas encore conclu ! »
« Nous, les agriculteurs, payons le prix fort à chaque événement politique, climatique ou commercial. Nous payons le prix fort face à la crise climatique, nous payons le prix fort face à la guerre des Russes en Ukraine, et nous devrions maintenant être sacrifiés face à la grande agro-industrie sud-américaine. Nous, agriculteurs européens, produisons au plus haut niveau de qualité, et ce que nous demandons simplement, ce sont des règles communes ! L’Europe est censée promouvoir la justesse, et nous n’accepterons pas d’être sacrifiés au complexe. »